Une des chambres du château

Une chambre assez simple, mais jolie avec vue sur les prairies enneigées de Friorgard.

C'est ici que Falone a élu domicile pour les quelques jours avant de repartir en bateau. Elle est assise à table avec Serros, sirotant un bon thé bien chaud. Le duo discute tranquillement en cette douce après-midi.

Serros soupire d'aise.

- Les boissons chaudes dans ce pays on un goût meilleur je trouve... Surement du au fait qu'il fait tout le temps froid ! :zinzin:

C'est donc ici que Eïnar rejoint finalement Falone et Serros. De toutes évidence le chasseur vient l'extérieur puisque ses cheveux sont à moitié trempé par la neige. Il prendra le temps de se débarasser de sa veste pour éviter de salir la chambre, et viendra s'installer à table. Le brun semble relativement fatigué, mais il adresse néanmoins un sourire aux deux personnes déjà attablées.

- Salut vous deux, comment ça va?

- C'est exactement ce que je me disais ! répond Falone à Serros. Je sais que je vais en boire tout le temps une fois installée ici.

C'est alors que la porte s'ouvre sur Eïnar. Immédiatement, Falone se tend légèrement, perdant son sourire. Elle regarde Serros un instant et brise finalement le silence qui commençait à s'installer :

- C'est drôle que tu nous poses cette question maintenant, mais pas quand la situation était plus grave.

Oui, Falone met de suite les pieds dans le plat, mais elle a toujours le comportement du jeune homme en travers de la gorge.

Bon... Avoir le cul entre 2 chaise bien que son cul soit plus sur l'une des deux chaises. Il en soupire d'ailleurs car il aime pas ce genre de moment mais bon, ca fait partie de la vie et en soit il a son mot a dire

- Salut... Je me remets tout doucement de ma blessure qui a faillit me tuer mais ca va. Faut dire qu'être seul contre 4 gars c'est pas facile. Heureusement que Maëlle était la pour m'éviter le pire.

Du sarcasmes, typique de Serros quand il est blasé.

Ainsi elle voulait directement régler cette question, et bien soit, le chasseur balayera donc le duo du regard, avant de finalement s'arrêter sur la botaniste.

- Tu veux dire quand la situation nécessitait d'agir rapidement? Après avoir découvert l'état de nos camarades partis en éclaireur un peu plus tôt?

Il marque un temps d'arrêt, jaugeant brièvement la réaction des deux autres. Il ne manifeste pas de colère, ni même d'agacement. Le brun pense simplement avoir fait ce qu'il fallait à un instant T.

- Herendor avait trahit tout le monde, et voulait tuer Diana. Tout ce qu'on avait fait jusque là n'aurait eu aucun sens si elle était morte.

Il secoue la tête, ne comprenant pas comment elle pouvait imaginer qu'il s'en moquait complètement.

- Je vous croisé en sortant de la tour, et votre état était suffisamment rassurant pour que je continue et fonce vers l'ouest le plus rapidement possible.

Son regard passe alors sur Serros, et il grimace en écoutant le récit de son combat.

- T'as toujours été le plus balèze de nous deux, même face à deux j'ai pas réussi à gérer.

Très sincèrement, il n'avait pas grand chose à dire de plus. Avec l'arrivée des troupes de Galahad, il ne pensait pas que Falone et Serros auraient à combattre quand il avait quitté le village.

- J'suis heureux de vous voir en un seul morceau...

Falone soupire, un poil agacée. Elle pose sa tasse de thé et répond à Eïnar :

- Il y a plusieurs choses que je te reproche. Tout d'abord, le fait que tu m'aies volontairement écartée quand vous êtes partis du côté de la forêt. On s'était toujours dit qu'on resterait ensemble, mais apparemment, ce n'est pas le cas.

Elle marque une pause, regardant un instant Serros.

- Ensuite, une fois la bataille terminée, on avait un petit moment d'accalmie. Tu en as profité pour aller directement dans la prison au lieu de prendre quelques minutes pour t'inquiéter de ton état. Et pour ta gouverne, non je n'allais pas bien. Je me suis pris une balle dans l'épaule Eïnar. Elle enlève sa veste pour montrer la cicatrice au brun. J'avais une balle dans le bras et à aucun moment tu t'es inquiété pour moi, sous prétexte que << ça avait l'air d'aller >>. J'ai une cicatrice à présent Eïnar et elle va rester à vie !

Bon, la cicatrice finira par disparaître d'elle-même, mais Eïnar n'a pas besoin de le savoir. Elle remet sa veste, soupirant à nouveau. Malheureusement, elle n'en avait pas encore fini avec l'Ange.

- Et ensuite, oui, la situation demandait d'agir rapidement, certes. Mais tu aurais pu nous attendre ou nous demander notre avis. Mais non, au lieu de ça tu fais cavalier seul. Tu t'en vas sans même nous dire où exactement. Tu penses vraiment que c'est un comportement digne de notre amitié ? Tu n'étais même pas là quand on risqué nos vies face au roi.

La jeune femme n'épilogue pas plus que cela sur le combat final contre le roi, le brun doit déjà avoir entendu quelques échos. Elle se permet même de souffler du nez à sa dernière phrase.

- Je vais être franche, je t'ai trouvé égoïste, autocentré et solitaire tout au long de cette expédition. Tu aurais très bien pu venir seul qu'il n'y aurait eu aucune différence. Tu as préféré faire cavalier seul tout du long et ni Serros, ni moi ne t'avons reconnu ici. Mais au moins grâce à ça, je sais ce que je ne veux pas. Si tu aimes tant partir de ton côté, eh bien tu vas le faire seul, parce que ce n'est pas ce que j'imaginais de la part d'un ami et de l'homme avec qui je suis.

Yeees, beaucoup de choses sont dite et Serros évidement plus vers une personne.

- En soit, tu fais ce que tu veux. Je suis pas comme ca, j'ai pas l'envie d'être un héro ou d'agir sur un coup de tête, je suis personne ici. Alors moi je me suis contenté de suivre les ordres, jugeant que même si ceux qui nous commande juge pas nécessaire d'aller secourir Diana, alors c'est qu'ils ont pensé a ca. Dans une guerre, c'est la coordination de tous qui prime et il y en a qui dit quoi faire.

soupirant, il reprend.

- Surtout qu'elle n'était pas là-bas, donc j'ai bien fait. Mais bref, ca je m'en fous, le truc que j'ai pas compris c'est que tu as agis seul, tu t'attendais a ce qu'on te suive ? Même si je t'en veux pas, c'est ta vie, je vais jamais te bloquer. Mais... Falone alors ? Elle s'est bien débrouillé mais tu aurais du être avec elle, c'est ton rôle et tu as de la chance qu'elle soit en vie, sinon je t'aurais jamais pardonné.

nouveau soupir, haussement d'épaule

- J'ai rien fait, c'est grâce aux autres que j'ai réussi a m'en sortir. Putain moi aussi je suis content de te voir en vie mais putain j'ai envie de t'en mettre une. Tu sais ce qu'on a vus ? La plus grande créature jamais vus ! Même Edwin est petit en comparaison. Et ca, j'aurais aimé le voir avec toi. Au final, ca pourra jamais être comme avant... On grandit et ont est avant tout guidé par nos envies et nos rêve qui ne sont pas le même...

et donc, ils finiront par chacun partir de leur côté, comme ce qu'a prévu Falone.

Ca faisait beaucoup de reproches en une seule fois, et l'ange prend une profonde inspiration, se préparant à répondre plus ou moins à tout ce dont on l'accuse. Il aura bien entendu observé la blessure de Falone lorsque cette dernière mentionne la balle qu'elle à reçu, et au premier coup d'oeil, il juge que la plaie à été prise en charge et qu'il n'y aurait aucune cicatrices. Pour autant, il grimace néanmoins à l'idée d'avoir raté ça sur le moment, il aurait pu s'occuper de la plaie et lui venir en aide.

- Je ne t'ai pas "écarté". J'ai jugé qu'une chasseuse aguerrie avait plus de chance de parvenir à neutraliser une cible, peut-être même plus efficacement que Serros ou moi. Et vu que l'idée était d'empêcher tout messager de quitter le village, j'ai choisis l'efficacité à ce que j'aurais souhaité moi.

Il marque un léger arrêt, et poursuit directement.

- C'est ce que j'ai fais aussi en choisissant la prison, par crainte que des ennemis restants exécute des prisonniers ou prennent des otages en se voyant acculés. Et ce que j'y ai trouvé, ce que j'y ai vu, ça m'à révulsé, et mit hors de moi.

A vrai dire, il sentait une pointe de colère monter en lui à la suite de ces reproches. Mais il s'efforce de contenir cette dernière, et pousse un profond soupire en se servant une tasse de boisson chaude si il en reste un peu.

- Avec le recul, est-ce que ma réaction était raisonnable? Non. Est-ce que j'aurais du prendre le temps d'y réfléchir, d'en discuter avec vous? Oui. Ca aurait même probablement évité la mort de la garde qui m'à suivi au combat. Mais la réalité c'est je ne peux absolument pas changer ce qu'il s'est passé.

Son regard passe alors sur Serros, il répondrait à la dernière déclaration de Falone tout à la fin.

- Si j'avais voulu être un héros, Ser', je serais allé affronter le roi. Je sais que le plan de nos alliés étaient solides, mais ça n'a pas empêché la catastrophe de l'est. Alors je me suis dis qu'un gars comme Herendor qui est un combattant monstrueux pourraient faire beaucoup de dégâts si il était vu comme un allié jusqu'au dernier moment. Et même si Diana n'était pas là, Aurora à du l'affronter, et ça aurait pu très mal finir.

A vrai dire, rien n'avait empêché Serros ou Falone de le suivre comme l'avait fait Astéria, mais c'est vrai qu'il n'en avait pas fait la demande.

- Parce que tu crois que j'aurais pu me le pardonner?...

C'est avec une certaine amertume dans la voix qu'il répond finalement, rejetant la tête en arrière, rendant son visage assez difficile à lire.

- Putain mais qu'est-ce que j'aurais préféré simplement venir ici et découvrir tout ça, prendre le temps de m'émerveiller de toutes ces nouvelles choses en explorant cet endroit avec vous.

Nouvelle inspiration, et il clos un instant ses paupières, avant de ramener la tête en avant pour regarder Falone.

- A vous entendre j'ai l'impression que j'ai passé les meilleurs "vacances" dont j'aurais pu rêver. J'ai fais tout ce que je voulais en ignorant tout le monde et dans mon propre intérêt, juste pour être au centre de l'attention.

Une certaine fébrilité dû au fait qu'il essayer de se contenir peut se ressentir.

- Je suis parti seul pour ne priver le groupe de deux talents supplémentaires. Tu crois vraiment que ça me laisse de marbre de te voir partir vers le danger comme ça, Fal'? Tu crois que j'avais vraiment envie de te laisser entrer dans ce foutu village, ou partir affronter le roi? J'aurais cent fois préférés que tu restes à l'extérieur, mille fois même. Mais je te connais suffisamment pour savoir que c'est pas ce que tu aurais fais, parce que t'es pas du genre à laisser les gens se mettre en danger sans rien faire, et que tu es capable de les aider.

A nouveau, l'amertume est perceptible dans ses propos.

- Si je m'étais écouté, et si j'avais vraiment voulu être égoïste, j'aurais tout fait pour t'empêcher de venir, et te maintenir loin de tout ce bordel pour avoir la certitude que tu ailles bien. Pour t'éviter une foutue blessure que j'ai même pas été capable de voir alors que je suis passé à coté de toi...

Falone lance un regard plein de remerciements à Serros, qui la soutien dans cette discussion difficile. Heureusement qu'il est là, car seule, elle n'aurait peut-être pas pu affronter le brun.

Elle écoute ensuite Eïnar silencieusement. Son cœur se serre en voyant le jeune homme dans cet état, mais ce n'est que la conséquence de ses choix.

- Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir fait un groupe de quatre ? Ça aurait pu très bien fonctionner et ça m'aurait évité de-

La jeune femme ne termine pas sa phrase, ne voulant pas faire culpabiliser Eïnar encore plus.

- Tu crois que nous aussi ça ne nous a pas révulsés de voir ce triste spectacle ? Seulement, en temps de guerre, il faut prendre le temps de réfléchir et de mettre au point des stratégies et pas foncer bêtement dans le danger sans plan préalable. Tu imagines ce qu'on aurait ressenti avec Serros si tu étais mort là-bas ?

Le fait qu'Eïnar ose comparer cette expédition à des vacances agace profondément Falone, qui prend une grande inspiration pour ne pas sortir de ses gonds.

- Mais bien sûr que non, à croire que tu ne nous écoutes pas. Que tu prennes des décisions, c'est normal, mais tu aurais dû nous en informer. On a toujours été un trio, mais ici j'ai plus eu l'impression d'être en binôme, voire seule à un moment.

Elle fait bien évidemment référence au moment où ils se sont séparés en petits groupes.

- Tu es en train de retourner la situation là, Eïnar, reprend Falone. Tu es en train de dire que tu es parti seul pour ne pas priver le groupe de nos talents, alors que juste avant, tu disais penser qu'il n'y aurait plus d'affrontements. Donc, tu es juste parti de ton côté en nous sortant complètement de ton esprit. Tu essaies de trouver une excuse pour adoucir tes actes.

Ce sont toutefois les derniers mots du brun qui font bondir Falone de sa chaise. C'est l'hôpital qui se fout de la charité, là !

- Si tu étais vraiment inquiet pour moi, Eïnar, tu m'aurais gardé près de toi pour t'assurer qu'il ne m'arrive rien. Tu aurais veillé sur moi et on se serait protégé mutuellement. Tu serais venu t'enquérir de mon état. Tu ne serais pas parti en solitaire, tu ne m'aurais pas écarté comme tu l'as fait. Alors ne dis pas que c'est de la faute de mon tempérament ! Tu n'as pas agi comme tu aurais du le faire, c'est tout. Il faut que tu l'acceptes.

Pour le coup, Serros pense déjà avoir tout dit et peut importe les tentatives d'explication ou autre, les faits sont la et rien ne pourra changer tout ca. Alors c'est dans un soupire et une petite mine qu'il reprend.

- J'ai pas grand chose à rajouter. Je voulais juste en profiter pour vous annoncer que je vais voyager, j'ai besoins de me retrouver seul et d'essayer de voir ce que je souhaite devenir. Avant c'était simple, tant que j'étais avec vous, le reste m'importait peu. Mais je suis forcé de constater que ca le sera pas éternellement et ca a commencé quand vous avez décidé de vous mettre ensemble. A ce moment, si dans un dilemme horrible on aurait demandé de choisir entre votre meuf ou votre pote, le cœur a déjà choisie. Je vous aucune reproche, j'aurais sûrement fait le même choix. C'est ainsi qu'on fonctionne après tout. Ne vous embêtez pas de dire que vous aurez choisie les deux, ca sert a rien.

pour preuve, il leur sourit, quelques chose de sincères malgré les mots prononcés.

- Désolé d'avoir complètement dévié de sujet. Vos histoires me concerne pas totalement et j'ai déjà tout dit tout en faisant comprendre que j'étais du côté de Falone sur ce coup. La chose qui changera jamais c'est que peut importe la distance, peut importe nos direction, vous resterez ma famille... D'ailleurs je vais revoir la mienne, j'ai jamais vraiment discuter avec eux.

A vrai dire, il n'avait rien à répondre à cette question, à bien y réfléchir elle n'avait pas tort, un groupe de quatre aurait probablement été fonctionnel.

- On a longé le village et les zones agricoles, sans véritable cachette, je me suis dis que chaque personne supplémentaire était un risque de plus de se faire repérer. La principale raison pour laquelle on à pu passer sans encombre, c'est parce que votre présence à crée de l'agitation et qu'une partie des gardes est rentré en ville. Alors... dans ces conditions ça aurait probablement pu fonctionner même à quatre, oui, mais c'était impossible à prévoir sur le moment.

Ayant la gorge sèche, il prendra une gorgée de la boisson, manquant de se brûler au passage. Il faut avouer qu'il avait autre chose en tête.

- C'était risqué et potentiellement stupide de partir comme ça, c'est ça que tu veux entendre? Alors oui, c'est vrai, j'aurais du vous en parler, et c'est pas les 5 foutues minutes que j'aurais utilisées qui m'aurait empêché d'atteindre l'ouest. Mais la réalité, c'est que je suis pas devin. Peut-être qu'Aurora se serait bien débrouillée toute seule, peut-être que ça se serait terminé en catastrophe. Peut-être que même sans vous le roi serait tombé, mais vu les échos de la bataille, vous avez plus que fait votre part, alors je n'en suis pas certain.

Il aura laissé échappé un rire nerveux au moment où Falone l'accuse plus ou moins de mentir.

- Tu peux me reprocher beaucoup de choses, Fal', mais certainement pas d'être un menteur. J'ai dis mot pour mot à Aslan que je partais seul pour éviter de priver la troupe de trop d'effectifs, et vous étiez présents dans la pièce.

Il marque une pause. Passablement circonspect de la tournure de la phrase de Falone.

- Je n'ai jamais dis que je pensais qu'il n'y aurait pas d'affrontements, je viens littéralement de dire que j'aurais cent fois préféré que vous n'alliez pas combattre directement le roi. Naïvement, j'espérais que les troupes entrainées de Galahad gérerait le gros de la bataille, et que vous ne seriez pas en première ligne.

Encore une fois, elle interprète en partie ce qu'il à dit, mais il s'efforce de rester calme, être deux en colère ne résoudra pas la situation.

- Je n'ai jamais dis que c'était la faute de ton comportement. J'ai dis que si j'avais voulu être égoïste, j'aurais essayé d'outrepasser absolument tout ce que tu es pour tenter de te maintenir loin de tout ça.

La vérité c'est qu'il aurait largement préféré qu'elle ne soit pas présente à Friorgard. Mais cela aurait été totalement égoïste sans tenir compte de ce qu'elle pouvait ressentir.

- Mais...

La vérité c'est qu'il est réellement blessé qu'elle puisse sincèrement penser qu'il ne se soucie pas d'elle ni de ce qui aurait pu lui arriver.

- Mais la vérité c'est que... même si mes raisons me paraissaient justifiés, même si elle me paraissaient cohérentes... j'aurais dû être à tes côtés.

Une conclusion une nouvelle fois amère. Les décisions purement pragmatique l'avait conduit à une issue certes non dramatique, mais qui n'avait rien d'agréable, et qui lui laissait une certaine forme de regret.

Le ton nostalgique de Serros provoque ce qui s'apparente à une moue de nostalgie sur le visage du brun, et il secoue légèrement la tête.

- Si ça te préoccupe, alors tu as bien fais de dévier le sujet, Ser', c'est que tu avais besoin d'en parler, tout simplement. Et je comprend, l'important c'est de suivre cette voie qui te semble la plus naturelle. Ca ne changera absolument rien... mais tu le sais déjà.

Un semblant de sourire étire également les lèvres du brun en réponse à celui de Serros.

Falone fusille Eïnar du regard mais se tourne vers Serros quand il reprend la parole. Ce qu'il dit lui fend le cœur et elle s'approche de lui pour le prendre dans ses bras.

- Je comprends... Tu as intérêt à m'envoyer des lettres ! Comme ça, je ne m'inquiète pas trop.

Elle embrasse son ami sur la joue, ayant l'impression que c'est la dernière fois de sa vie qu'elle le verra. Heureusement que ce n'est pas le cas. Elle s'écarte ensuite pour reporter son attention sur le brun.

- Peu importe que c'était prévisible ou non, Eïnar. Tu as choisi volontairement de ne pas m'inclure dans le groupe, tu n'as même pas évoqué la possibilité que j'en fasse partie. J'ai l'impression que tu ne te rends pas compte du sentiment de trahison que j'ai éprouvé à ce moment.

Falone secoue ensuite la tête, répondant à sa dernière intervention la concernant :

- Nous venions à peine d'arriver dans la pièce. On a juste eu le temps de comprendre ce qu'il s'est passé que tu étais déjà parti. Je trouve que c'est trop facile de dire que tu as simplement agi dans la précipitation. Et toujours cette excuse de << je ne pouvais pas prévoir >>. Elle marque une pause, soupirant. On est censé être une équipe de base, mais je n'ai rien vu de tel durant toute cette expédition.

Elle finit par tourner le dos à Eïnar.

- Oui, mais tu n'as pas jugé cela nécessaire, je me demande bien pourquoi. Tu auras beau te justifier même pendant des siècles, je ne pense pas être capable de comprendre comment on peut abandonner celle qu'on est censé aimer.

Acceptant avec plaisir le câlin, Serros ne rebondi pas sur tout, c'était maintenant a eux deux de régler leurs soucis.

- Évidement, faudra juste me prévenir avant qu'on se sépare de ou vous êtes.

et voila il se sentait de trop, un sentiment qu'il avait ressenti plusieurs fois en présence des deux sans forcément le déranger. Alors il se lève et leurs souris.

- Bon... Je vous laisse discuter, tenir la chandelle c'est pas pour moi, je vais me promener ! A toute !

il en soupire un peu, se claque le visage pour reprendre de l'aplomb et s'en vas.

- Ca marche, profite en pour te reposer un peu Ser', on se tiendra au courant de la suite.

Il n'avait jamais été particulièrement démonstratif, mais le sourire un peu nostalgique sur le visage du brun en dit long sur les émotions qui l'anime.

Il aura écouté tout le discours de Falone, la laissant aller au bout de son idée plutôt que de chercher à l'interrompre. Et très sincèrement, à cet instant précis, il ressent une profonde lassitude, l'impression tenace qu'ils ne parviendront jamais à comprendre leurs points de vue respectifs.

- Très sincèrement, je ne vois pas ce que je peux te dire de plus. Pendant tous les événements de Friorgard, j'ai agis de la façon qui me paraissait la plus logique, me rendant la ou je pensais être le plus utile en me basant sur mes compétences. Et oui, ça implique d'être séparé de vous par moment, comme lorsque j'ai proposé de rejoindre les éclaireurs à l'est.

Il se sera levé, faisant quelques pas en direction de la jeune femme.

- Je ne suis pas "censé" t'aimer, je t'aime, tout simplement. Et si on en arrive à remettre ça en question, alors peut-être qu'effectivement, on à un problème plus important.

Falone regarde Serros s'en aller, se sentant terriblement seule à présent. Elle finit par se tourner de nouveau vers Eïnar quand ce dernier reprend la parole.

- Oui, mais ça n'impliquait pas forcément d'évincer tes amis.

La jeune femme soupire également. Cette discussion ne mène à rien, ils ne sont pas d'accord et rien ne pourra changer ça. Quand le brun fait quelques pas vers elle, Falone se sent soudain très mal à l'aise, se retenant de reculer légèrement. Elle aurait pu trouver les dernières paroles d'Eïnar très belles, mais quelque chose s'est malheureusement fissuré. Elle répond alors, tête baissée :

- On dit que ce sont les actes qui définissent une personne, et non les paroles, qui sont à portée de tous. Ce que tes actes ont prouvé aujourd'hui, c'est que tu ne m'aimes pas assez pour me faire passer avant toute chose. Il est facile de dire << je t'aime >> mais le prouver est une autre affaire. Et aujourd'hui, tu m'as montré tout le contraire.

Effectivement, rien ne sert d'insister, ils ont une vision totalement différente de la situation, et rien ne changement rien à cette situation.

- A mon sens, mes actes ne remettent pas le moins du monde en question mes sentiments pour toi.

Il inspire profondément, il savait pertinemment qu'il allait la perdre définitivement avec cette prochaine phrase, et avait besoin d'un instant pour s'y préparer.

- Je pourrais te faire un discours grandiloquent pour te promettre que je vais changer, qu'à partir de maintenant je te ferais toujours passer la première, quelles que soit les circonstances.

Il marque une pause, c'était encore plus rude que prévu, et sa voix n'est clairement pas aussi claire et assurée que d'ordinaire.

- Mais la réalité, c'est que même à l'heure actuelle, je considère que toutes les décisions prises n'étaient pas forcément mauvaises, et que je devais faire passer ce que jugeais comme plus important avant ce qui m'importait à titre personnel.

Il ferme un instant les yeux.

- Si à tes yeux, cette mentalité est incompatible avec ce que tu estimes être le véritable amour, alors cette fracture entre nous ne pourra jamais se résorber.

Falone a cet espoir, tout au fond d'elle, qu'Eïnar comprenne ce qu'elle ressent. Qu'il lui dise que si c'était à refaire, il ferait les choses autrement. Est-ce trop demandé de vouloir être la priorité de l'autre, surtout dans de telles circonstances ? Elle veut juste être traitée à sa juste valeur, mais il semblerait que le brun ne partage pas cet avis.

- Donc.. commence Falone, la voix tremblante. Si je comprends bien... Les larmes lui montent aux yeux. Je ne suis pas plus importante qu'un objectif personnel...

Cette vérité est dure à avaler pour la jeune femme, qui se tourne pour qu'Eïnar ne la voit pas pleurer. Après quelques secondes à respirer pour ne pas sangloter, elle répond d'une voix aussi ferme qu'elle le peut :

- Effectivement, c'est incompatible avec ma vision de l'amour. Quelque chose s'est cassé depuis cette expédition et je ne pense pas qu'on pourra le réparer.

La vérité, c'est qu'il comprend parfaitement ce qu'elle ressent, mais qu'à ce stade, il lui parait impossible de lui mentir. Parce qu'au fond, si ils étaient amenés à continuer leur route ensemble en se basant sur des propos qu'il aurait prononcé juste pour lui faire plaisir, quel sens y aurait-il à tout ceci?

- C'est... pas du tout ce que j'ai dis, Fal'...

A cet instant, il avait totalement l'impression que même si il passait du temps à tenter de lui expliquer son point de vue, ça ne servirait à rien. Qu'il avait choisit d'agir dans ce qu'il pensait être l'intérêt du groupe plutôt que de mettre en avant sa propre existence, ses propres désirs.

- Je suis toujours le même, je n'ai pas changé. C'est une facette qui était déjà présente avant, et qui n'à jamais altéré, ni changé ce que je ressentais pour toi. Je pourrais jamais être à 100% ce que tu attends de moi.

Falone reste silencieuse un moment, ne sachant pas vraiment quoi répondre.

- Peut-être, mais me dire que tu ne me fais pas passer avant tout, surtout dans un moment où on risque nos vies, c'est... Difficile à accepter.

Cela signifierait que si elle est blessée, il ne viendrait pas s'enquérir de son état ? Ou bien il viendrait, mais repartirait ensuite au lieu de rester auprès d'elle ?

- Je pense que je n'arriverais pas à passer au-dessus de ça...

De même pour lui, qui reste silencieux un instant, sans pour autant la quitter du regard, malgré le fait qu'elle lui tourne le dos.

- Tu penses... ou tu en as la certitude?...

La nuance était importante, et involontaire, le brun retient son souffle, attendant la réponse.

Falone se mord la lèvre, retenant un sanglot. Lentement, elle se tourne vers Eïnar, les mains jointes. Celles-ci tremblent légèrement d'ailleurs. Elle regarde le brun avant de prendre une inspiration, le moment fatidique approche :

- J'en ai la certitude.

Effectivement, le moment était bel et bien arrivé...

Le chasseur ferme un instant les yeux, inspirant profondément. N'importe quel observateur extérieur pourrait constater qu'il est affecté lui aussi par la situation.

- Je...

Il s'arrête un instant, histoire de reprendre contenance.

- Fait chier...

Cette fois c'est lui qui se mord la lèvre.

- Alors c'est terminé? C'est ici que ça prend fin?

Falone se sent coupable d'infliger une telle douleur au brun, mais de son côté aussi, c'est difficile. Ils ont vécu beaucoup de choses ensemble, se connaissant depuis plus de dix ans maintenant. Eïnar est la personne qu'elle aime le plus au monde, mais aujourd'hui, une part de cet amour doit s'arrêter.

- Je ne peux pas faire comme si tu n'avais rien dit, je suis désolée...

Falone ne peut pas envisager de poursuivre une relation si l'autre ne la choie pas, ne la protège pas. Cela peut sembler très vieux jeu et égoïste, mais c'est ainsi qu'elle envisage le couple : chacun fait passer l'autre en priorité, peu importe la situation. Elle applique elle-même ce mode de pensée, elle attend donc que sa moitié en fasse de même. Malheureusement, Eïnar ne pense pas de la même façon, ce qui rend la relation impossible. Falone pourrait rester, effectivement, mais elle sait qu'au fond, elle souffrirait d'une telle situation, c'est pourquoi il vaut mieux arrêter maintenant plutôt que de poursuivre inutilement.

De même pour lui, il n'est pas aveugle et se rend bien compte de la situation dans laquelle Falone se trouve actuellement. Comme il l'avait mentionné, ses sentiments n'avaient pas été altérés en dépit de tout cette situation, et il devait désormais faire avec les conséquences.

- C'est moi qui m'excuse Fal'... Tu n'as rien à te reprocher, tu es restée telle que je t'ai connu tout du long, et la finalité, c'est que je t'ai déçu.

Et de fait, cette relation risquait d'être compliquée même du coté de Eïnar. Le brun est relativement individualiste, et de la même manière que Serros, il souhaite voyager de part le monde avant de poursuivre son objectif premier. En temps normal, Falone aurait sans doute accepté de le suivre, mais au prix du confort et de la stabilité qu'elle affectionne tant.

Falone redevient silencieuse, les larmes coulant le long de ses joues. Elle baisse la tête, ne sachant pas quoi ajouter. Elle savait que la discussion serait difficile, mais pas à ce point. Elle ne pourra jamais se départir de cette culpabilité qui la ronge également, bien qu'elle soit celle qui a lancé cette discussion.

Ne sachant pas quoi ajouter, mais afin d'éviter que le silence ne s'éternise trop longtemps, elle reprend la parole :

- Je vais revenir ici pour quelques temps. Il y a des plantes inconnues que j'aimerais étudier.

Son regard est posé sur Falone, il ne la quitte pas du regard, et une certaine tristesse se fait totalement ressentir.

- C'est... inattendu, et en même temps... c'est vrai qu'il y a énormément de choses à voir en cette contrée.

A vrai dire, même si il pense réellement les mots prononcés, le coeur n'y est plus, et cela s'entend dans la voix du chasseur.

- Pour être totalement honnête, je ne sais absolument pas ce que je compte faire...

Falone se mord à nouveau la lèvre. Sa maigre tentative pour détendre l'atmosphère s'est avérée vaine.

- Tu as l'embarras du choix, il faut voir ça comme une chance.

La jeune femme tente un sourire, mais il n'est pas vraiment réussi.

- On sait tous les deux que cela n'à rien d'une "chance", mais... merci Fal'.

Pareil pour Eïnar qui tente un sourire maladroit, mais qui ne semble pas réellement convainquant.

- Je pense que je vais moi aussi voyager, tenter d'avancer ce projet que j'avais mis de coté depuis un moment déjà.