Bibliothèque « Au Bosquet des lettres »

Mideristl travaille à la bibliothèque, cette fois non en tant qu'apprenti, mais bien en qualité de bibliothécaire officiel et reconnu par la cité. À vrai dire, il n'éprouve pas forcément une grande fierté ni un quelconque sentiment d'accomplissement, mais il est évident qu'il se sent plus « enraciné » dans la société maintenant qu'il exerce un métier, qu'il interagit avec des personnes de tous les milieux, et qu'il n'est plus perçu comme un « adulte pas encore adulte ». Monsieur Monserra est en face, en train de vérifier les comptes, alors que le jeune homme est assis au comptoir.

Ce jour-là, les clients se font rares ; une occasion à ne pas rater pour l'artiste raté. Alors qu'il observe attentivement le vieux monsieur, et toujours en étant assis sur son siège, l'imitateur se courbe vers le bas pour tenter d'attraper son sac. Sauf que, peut-être a-t-il été trop hardi ou trop confiant, Monserra vient au même moment s'avancer vers une des étagères pour vérifier si certains livres ont été rangés, et inévitablement, il capte Mideristl dans son champ de vision.

Comme pris en flagrant délit, Mideristl se reprend et s'enfonce plus bas pour faire mine de rattacher ses lacets ; il renchérit même en faisant agiter ses bras, afin de donner l'illusion du mouvement. Visiblement, Monserra ne se doute de rien – certainement car il est plus préoccupé par sa besogne que par les farces du Qliphan –, et le novice attend le moment où le propriétaire retourne à sa place pour ouvrir doucement son sac, y glisser sa main et sortir un parchemin, en veillant au maximum à ce que le matériau n'émette aucun bruit de froissement.

Il pose ensuite le parchemin sur ses cuisses, et laisse son sac ouvert si jamais il doit le ranger à nouveau. Désormais, et comme il l'a probablement fait plusieurs fois auparavant, il peut revoir ses notes personnelles au lieu de tourner les pouces.

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Entraînement : Furtivité.

C’est donc ici que notre couple arrivera, avec un rodion qui dira :

- En effet, il y fait un peu plus chaud.

Ingrid, qui avait visiblement l'habitude de faire attention à ses manières de la sorte, regardera en tout sens comme une fouine s'il n'y avait pas de surveillant pour ramener la bouteille métallique sur la table en bois, après avoir un peu vérifié que le cul n'était pas trop chaud.

- Il y a un très bon magasin qui a ouvert en ville faisant des parapluies pas trop tristes. Ca change la vie mais quand je vois ma mère, enfin une de ses amies qui tiens un parapluie, ça la vieillie de beaucoup je trouve car j'ai l'impression qu'il s'agit d'une canne à l'envers, dissimulée. en grimaçant un peu.

Puis après un silence d'aise, profitant de la chaleur ambiante :

- Tu t'es déjà fait "remettre à ta place" parce que tu as fait un commentaire sur un client ? En croisant les bras sur la table, le coude proche du métal bouillant.

- C’est bon à savoir ça. Je passerai peut-être en acheter un qui sait.

Pour la suite :

- Qu’est-ce t’entend par « commentaire sur un client » ? sourcil haussé

La sorcière écoutera les conseils de Rodion avec intérêt et contentement, l'observant parler avec fierté. Ses trois paragraphes se suffisaient à eux-mêmes et "l'élève" docile n'avait aucune remarque à faire ni rebond à faire sur le caractère de sa mère ou de son père à la suite. Elle lui demandera plutôt ceci en toute amitié :

- Qu'est-il arrivé de plus fou alors pour plaire un client ? Enfin l'amuser, le tenir en haleine ? Avec curiosité.

Un énorme mais alors énorme embarras fut visible sur le visage de ce qui semblait être à ce moment là une apprentie très inexpérimentée pour une question qui lui avait parue intéressante. Elle n'eu pas le cran, le côté joueur d'essayer de deviner quelle était la demande la plus "originale" qu'il ai pu satisfaire. 

Hem.. Ce n'était pas vraiment le sens de sa question ? Le blanc qu'il installait pour réfléchir lui faisait un peu peur, comme s'il passait en revue plusieurs demandes de clients inappropriés. Elle était obligée de penser à cela, à cause de sa mère. Elle enfouissait un sentiment de colère d'avoir vendu la mèche de la proposition de sa génitrice à l'artiste. 

Elle regarda le reflet du brun sur le métal gris de la gourde quelques instants pour faire passer le temps plus rapidement afin d'avoir accès aux secrets du touche à tout.

Il continu à garder le silence, avant de sentir l’attente d’ingrid. Il avait déjà trouvé ce qu’il allait dire, mais voila qu’il aimerait bien voir la sculptrice se projeter. Voir ce qu’elle pensait de rodion d’une certaine manière :

- Ça serai quoi à ton avis ?

Il lui faudra beaucoup de temps pour poser ses paroles vu l'état que l'avait mis l'interprétation de Rodion de son propre tempérament trop joueur ? Il ne fallait pas qu'elle renvoie une fois de plus cette image. Elle avait beaucoup de respect pour l'homme :

- De satisfaire ? Un.. un nu. Je pense que c'est.. incontournable. J'en ai eu à l'université, dans ta promotion aussi ?

- J'avais été secouée d'en faire. Pour moi c'est la demande la plus originale que j'ai eu. Expliqua la bestiole en comprenant que le Rodion avait certainement dû en faire à l'Université, à moins qu'il n'y soit pas allé ?


- Hmf. On est entre collègues mais on peut pas vraiment poser toutes ces questions au modèles. Il faut que leurs traits de caractères ressortent sur le médium sans aide. C'était son avis, mais il fallait laisser de côté la théorie et la physiognomonie et toute ses choses, pour ne pas non plus avoir une grille de lecture rigide en tête.


Avec tout ça elle reprit certainement de la contenance mais elle était toujours un peu mal à l'aise.

- Bien sûr. C'est banal comme tu dis, il faut pas se l'interdire. Lui répondit-elle avec raison. Quelle demande alors ? De plus en plus perturbée, essayant de se détacher de cet aspect si académique.

Rodion regarde ingrid avec un sourcil haussé et ne comprend pas un passage :

- De quels questions tu parles ? soit rodion n’avait pas compris, soit ingrid devait apprendre à formuler ses pensées. Il voulait savoir de quoi ingrid parlait là maintenant avant de répondre

- On ne peut pas vraiment demander au client qui pose en nu pourquoi il a choisi de se faire représenter ainsi. Il faut être plutôt neutre et pas "tricher" sur le portrait en apprenant toute la vie de la personne. Il doit se projeter dans ce qu'on lui propose mais nous n'allons pas, comme en dessin d'observation, apprendre en combien de temps la plante a poussé et quels insectes lui ont posé problème pour pouvoir la représenter et lui donner un caractère !

Voilà ce qu'elle voulait dire, en croisant les mains devant elle, tentée de poser celles-ci sur la gourde encore brûlante.

- Mais peut-on réellement rester silencieux ? Si on fait la sculpture de quelqu'un, nous n'avons pas besoin que le modèle pose devant nous une éternité, il faut juste de bon croquis préparatoires ou se baser sur une oeuvre préalable. Dans ce cas oui, le client peut à certaine occasion regarder notre travail mais en peinture ? Est-ce que tu l'autoriserais à se changer de position et regarder par dessus ton épaule ? En haussant les sourcils. Retourner le chevalet ça peut poser des problèmes aussi.

Rodion aura un rire tout en secouant la tête en entendant ingrid :

- Mais ingrid, personne te force à accepter de représenter un nu. Tu peux refuser tu sais ! Moi par exemple, je n’accepte de faire des nus que de femmes. encore amusé de ce qu’avait dit ingrid. Il toussote, et dira pour la suite Si tu as besoin de connaitre la vie de quelqu’un pour la sculpter, tant mieux pour toi hein. Personnellement, je n’ai ni besoin de savoir pourquoi la personne me demande un nu, ou pourquoi elle a manger une pomme et pas une poire avant de venir. haussant les épaules. Il ne comprenait pas pourquoi ingrid lui parlait de ça. Il n’a pas besoin de savoir la vie d’une personne ou quoi que ce soit d’autre. Ce n’est pas une thérapie non plus. Mais bon, si ingrid voulait faire comme ça, elle pouvait ! Rodion s’en fichait royalement en soi. Chacun ses manières après tout.

- Ah oui.. c'est étrange si tu commences à leur poser des questions sur leur vie alors quelles sont nues. Avec un petit sourire, oubliant à moitié qu'il avait déjà quelqu'un. Et ton portrait a toujours l'air vivant, c'est super. Je suis dans une période ou j'essaye vraiment de tirer des traits originaux de tout ce que je représente mais j'ai déjà eu des critiques en peinture. En prenant par exemple trop en compte la réflexion d'un vitraux rouge sur la joue où alors lorsque le modèle ne se reconnaissait pas dans l'expression du regard, pour lequel j'avais dû lui donner une intention plus sensible après des heures à peindre.

Ses yeux gris fixaient les prunelles de Rodion comme s'il était le référent de la peinture académique.

- Il fait longtemps que je n'ai pas vu ton travail, alors tu vois bien que je réponds à côté, que je n'arrive pas bien à me projeter en arrière ! Ne veux-tu pas arrêter de me faire plus languir et me dire donc quelle est la demande la plus farfelue qu'on t'ai faite ? De ne pas peindre le visage d'une femme avec des pigments de sa couleur naturelle ? Hmm ? Pourquoi pas après tout ?

Rodion sourira, avant de dira :

- Alors, la plus farfelue, c'est une dame qui voulait voir le "processus créatif en œuvre, autant que l'oeuvre finale"? souriant, avant de reprendre Ainsi, j'ai dû la peindre en étant dos à elle, et me servir d'un miroir, afin qu'elle puisse me voir faire son portrait, tout en posant, tout en me permettant de la voir pour la représenter. C'était une sacrée organisation. ça allait de pair avec ce la question d'ingrid juste avant d'ailleurs, d'où sa non réponse juste avant !

Surprise, Ingrid souffla du nez en écartant un sourire, essayant de se représenter la scène sans pour autant avoir réellement conscience que la dite cliente avait été nue.

- Les noeuds au cerveau. Ma mère pourrait être ce genre de dame. Ce jour-là tu as été content du processus et du résultat ? 

En ayant marre d'attendre, elle commença à tâtonner du bout de l'index le métal pour être sûr qu'elle n'allait pas se brûler avec le chocolat chaud à l'intérieur. La gourde avait une cabossure renflée à un endroit et c'est là où elle mit le doigt. Vu comment se tenait Rodion, ça pouvait refléter en miroir flou un de ses yeux.

- Bien-sûr, je ne rend pas une production sans m’être moi même satisfait du résultat d’abord. souriant, avant de répliquer Elle a l’air marrante ta maman. Tant qu’elle me demande pas un nu, ça devrait aller en réalité. avec un petit rire un peu nerveux qu’ingrid pourra identifier comme nerveux.

Ingrid aura la réaction naturelle du sourire au dents serrées à cette idée totalement mais totalement impensable.

- Eh, tu veux du chocolat chaud ? Ca va défaire tout ces noeuds et nous détendre. 

A vrai dire avec cette histoire de modèle vivant, la sorcière se sentait tendue.

- C’est bien vrai, sert nous donc. dira rodion attendant avec impatience.

Il valait mieux boire un petit peu avant de reprendre la discussion

Ingrid fit le nécessaire avec le torchon bariolé pour dévisser plus facilement le capuchon qu'elle avait tendance à serrer à fond. Energique, certainement qu'il n'y aura pas de mini interlude-spectacle de maladresse, pas pour une sculptrice.

Mais comme elle n'avait pas deux tissus protecteurs, elle risqua à mettre sa main gauche à nue sur le métal. Elle eut un moment d'hésitation avant de se rendre compte que le capuchon était surmonté de deux "coques" métalliques que son papa avait moulé sur le couvercle avec un léger jeu pour faire deux coupoles pas soudé au bouchon.

Presque comme de rien, elle retourna les deux coques sur la table, qui heureusement n'étaient pas en cul de four et pouvaient tenir debout.

Elle se mit précautionneusement à servir Rodion en premier, avec l'assurance du geste répété. Elle supposa qu'il voulut jusqu'au bord et fit de même pour sa coupelle. 

- Ce n'est pas de l'alcool mais.. j'ai envie de lever mon verre à ton futur mariage ! Se surprit-elle de dire à Rodion sans avoir repensé à la dangerosité du "voyage" de Rodion, en terre givrée. C'est bien pour ça qu'elle parlait d'aventures dans le parc et.. elle avait visiblement en travers de la gorge (sans être négatif) ce mariage. C'est à dire qu'il n'était pas parti de sa mémoire. Mais elle levait sa capsule métallique avec enthousiasme.

- C’est pas grave, c’est tout aussi bien. C’est mieux même comme ça. souriant, levant aussi sa coupe Merci ingrid. Mais maintenant, faut trouver une date pour le mariage, et c’est plus difficile que de se fiancer ! alors qu’il portera doucement la boisson à ses lèvres.

L'enfant unique Larte-Swann aura un fond de fierté toujours, mais personnelle, pour des petites victoires comme celles-ci.

- Ah oui ? Et comment as-tu procédé la demande ?

Il fallait croire que ça l'intéressait. Pas la mariée, mais la technique ancestrale ou originale des futurs maris à leur futur femme.

Rodion trempe ses lèvres dans le breuvage chaud pour siroter un peu du liquide, avant de poser sa coupe, et de répondra avec un sourire :

- Je l’ai fait sur l’ile de Friorgard. J’avais acheté la bague quelque semaine avant de partir. Je me suis dit que j’attendrai le bon moment. Il est venu et j’en ai profiter. disant ça en rougissant un petit peu, poursuivant Je me suis mit à genoux, et puis je lui demandé si elle voulait m’épouser. C’était assez classique et peu originale, mais elle m’a dit oui à la seconde. C’était un très beau jour de ma vie. dira Rodion regardant le liquide avec un sourire.

Avant de reporter à nouveau son regard sur ingrid :

- C’est compliqué d’être original tout le temps. avec un petit rire, faisant référence à la banalité de sa demande.

Ingrid dégustait toujours avec autant de plaisir un bon chocolat chaud malgré les détails de moments de vie de Rodion absolument dissociable de sa personne.

- Hm ? Est-ce que boire un chocolat chaud dans une bibliothèque est si original dit moi ? Je trouve ton.. ton initiative ? Ta demande beaucoup plus enrichi.. enfin ça a beaucoup plus de sens pour toi que de peindre des nus. C'est des expériences de vie personnelles puissants et uniques.

La pauvre c'était perdu, comme il faisait référence à la discussion qu'elle croyait close, sur sa mère et sa parenté à la dame bizarre qui avait cassé la tête de Rodion tout en étant nue.

Rodion écoute, et la première question lui fait sacrément hausser le sourcil :

- Hmm… je serai pas te dire. Il m’est arrivé de boire des chocolats chauds, mais pas dans une bibliothèque. Donc de ce côté là, tu te débrouille bien. souriant avec tendresse, pour rassurer ingrid. La rassurer de quoi ? Rodion ne sait pas. Ce n’est pas comme si…… enfin, il reprend Quelque fois, le classique marche. La valeur sûr comme on dit. avec un petit rire nasal

Avec un petit souffle du nez, elle pointe son pull en demandant ensuite amusée :

- Qu'est-ce que tu en penses alors ? Ca vient d'une nouvelle boutique... pas loin de celle des parapluies justement.